Le syndrome du tunnel carpien, expliqué
dre sandra marquis, chiropracticienne, D.C.
Vous ressentez un engourdissement au niveau des doigts de manière récurrente? Cela incommode votre quotidien au point de débuter des recherches ou des consultations pour en trouver la cause? On vous a peut-être parlé du syndrome du tunnel carpien, mais existe-t-il d’autres conditions possibles pour expliquer ce symptôme? Et au moment où l’on détermine quelle est la problématique, qu’est-il possible de faire pour la traiter et la prévenir?
Cet article vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement du système nerveux, vous donnera quelques pistes de réflexion quant aux causes possibles et vous expliquera quelques pistes de solutions possibles.
Explication
Le syndrome du tunnel carpien ou canal carpien, est une affection causée par la compression du nerf médian. Ce nerf émerge initialement du cou par un réseau de racines nerveuses effectuant des connections entres elles au niveau du membre supérieur : le plexus brachial.

Par la suite il chemine au niveau du bras pour terminer son chemin au niveau de la main où il effectue l’innervation du pouce, de l’index et du majeur et de la moitié de l’annulaire, ainsi que d’une partie de la paume de la main. Ce nerf possède aussi des fonctions de contrôle musculaire,
telles que la pronation (tourner les paumes du ciel vers le sol) et la flexion des trois premiers doigts et du poignet. Il contrôle également l’opposition du pouce, c’est-à-dire le mouvement qui permet au pouce et au 5e doigt de se toucher.
Le tunnel carpien se situe au niveau du poignet et est formé des petits os du poignet sur sa face postérieure et d’un ligament sur la face antérieure. À l’intérieur de ce tunnel passent des tendons, des gaines permettant le bon glissement entre les structures, mais également le nerf médian. Ceci dit, si l’espace dans le tunnel se retrouve restreint, ceci peut compromettre le bon fonctionnement du nerf médian.
Quelles sont les causes possibles du syndrome du tunnel carpien ?
Idiopathique
C’est-à-dire que nous ne connaissons pas la cause comme tel. Il s’agit de la cause la plus fréquente.
Cause mécanique
Certains mouvements effectués de façon répétitive comme la préhension d’objets ou l’extension de la main peuvent affecter la mécanique du poignet. Une pression prolongée au niveau du poignet peut également occasionner ce syndrome.
Autres causes
Bien que la plupart des origines soient mécaniques, il existe un lien entre certaines conditions médicales et le syndrome du tunnel carpien. Certains exemples comme la grossesse, le diabète, un kyste synovial, la polyarthrite rhumatoïde ou l’hypothyroïdie font partie des possibilités, toutefois il en existe plusieurs autres. Il est donc important de discuter de ces symptômes avec votre professionnel de la santé, pour que celui-ci pose les questions nécessaires et effectue les tests au besoin, afin d’en déterminer la véritable cause. Ceci déterminera également la procédure à suivre pour effectuer le traitement.
Et si ce n’était pas un syndrome du tunnel carpien ?
Compression musculaire
Certains muscles se retrouvant sur le territoire du plexus brachial tout au long de son trajet entre cou et la main et peuvent effectuer une compression sur certaines zones de celui-ci et créer des symptômes s’apparentant à ceux d’une compression faite au niveau du tunnel carpien. Parmi ces muscles:
Le muscle scalène antérieur
Ce muscle prend son origine au niveau de la face antérieure de C3 à C6 et se termine au niveau de la première côte.
Le muscle petit pectoral
Ce muscle prend son origine au niveau du processus coracoïde et se termine au niveau des côtes 3 à 5. Il se trouve que ce muscle effectue son trajet juste au dessus du plexus brachial et des vaisseaux sanguins qui doivent se rendre au bras. Il est donc possible s’il est en contraction de façon répétitive, que ce muscle exerce une pression sur le plexus brachial et occasionne des symptômes d’engourdissements et/ou de pertes de force au niveau du bras, toutefois, ils ne seront pas exclusivement reliés au territoire du nerf médian. Nous parlons alors d’un syndrome du défilé thoracique neurogène ou vasculaire, tout dépend de la structure qui est comprimée (nerf ou artère).
Le muscle rond pronateur
Le rond pronateur est un muscle qui contient deux ventres musculaires, entre lesquels passe le nerf médian. Ce muscle contrôle la pronation du poignet, c’est-à-dire le mouvement qui permet de tourner les paumes du ciel vers le sol. Il peut arriver que ce muscle devienne contracté sur période prolongée, ce qui pourrait comprimer le nerf médian. Nous appelons ceci le syndrome du rond pronateur. Les symptômes ressentis par le patient miment ceux du syndrome du tunnel carpien, puisque les deux syndromes offrent une compression du nerf médian.
Arthrose cervicale
Les nerfs qui prennent racine au niveau de la colonne cervicale (C5, C6, C7, C8, T1) forment le plexus brachial, dont le nerf médian fait partie. Il peut arriver, lorsqu’un patient présente de l’arthrose au niveau des vertèbres du cou, que le passage de la racine nerveuse soit comprimé au niveau d’une ou des vertèbres. L’on parle alors de radiculopathie cervicale.
Hernie discale cervicale
Une hernie discale se définit comme un déplacement du disque qui se situe entre les vertèbres. Le disque sert initialement à amortir les chocs appliqués aux vertèbres. Lorsque l’hernie est assez volumineuse pour faire pression sur la racine nerveuse qui émerge de cette vertèbre, il peut s’en suivre des symptômes au membre supérieur (bras, avant-bras, main).
Côte surnuméraire
Chez certains individus, l’on retrouve une variante congénitale : une côte supplémentaire qui s’attache au niveau de la dernière vertèbre cervicale (C7). Occasionnant une compression mécanique non-nécessaire au niveau des structures du cou, certains patients possédant cette variante déclarent éprouver des symptômes neurologiques au membre supérieur.
Pathologie sous-jacente
Bien que plusieurs des énoncés ci-dessus permettent d’expliquer le fait de ressentir des symptômes au membre supérieur, il en demeure que certaines pathologies sous-jacentes, bénignes ou malignes, peuvent aussi être en cause.
Prise en charge et diagnostic : L'approche chiropratique
Le chiropraticien est un professionnel de la santé qui est outillé pour effectuer un examen complet des différents types de compressions nerveuses mécaniques. Le but étant de déterminer quelle est la cause de vos symptômes pour mieux orienter le traitement par la suite. Cet examen inclus un dépistage neurologique, postural et orthopédique, de même qu’un questionnaire de santé. La prescription de radiographies peut également faire partie du processus diagnostique. C’est après avoir recueilli toutes les informations nécessaires et déterminé la cause exacte que le chiropraticien sera en mesure de vous dire quelle est la meilleure prise en charge pour vous. Il vous expliquera alors le protocole de soins établi. Dans certains cas, une cogestion ou une référence en médecine ou avec un autre professionnel de la santé peut être nécessaire, si le chiropraticien ne pense pas pouvoir vous aider pour votre condition, il vous en fera part et vous orientera vers les ressources nécessaires.
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